Choisir un BTS en alternance peut ressembler à un parcours du combattant, surtout lorsque l’on se heurte à un vocabulaire technique rarement expliqué aux lycéens, étudiants ou adultes en reconversion. Contrat d’apprentissage, contrat de professionnalisation, OPCO, maître d’apprentissage, blocs de compétences, RNCP… Autant de termes qui peuvent décourager alors qu’ils désignent des dispositifs pensés pour faciliter l’accès à la qualification professionnelle.
BTS en alternance : rappeler le cadre général avant de décoder le vocabulaire
Le BTS : un diplôme national de niveau bac+2
Le BTS (Brevet de Technicien Supérieur) est un diplôme national de l’enseignement supérieur, préparé en deux ans après le bac. Il est classé au niveau 5 du Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP), ce qui signifie qu’il valide un niveau bac+2 reconnu par l’État et par les employeurs.
Un BTS peut être suivi :
- en formation initiale « classique » (voie scolaire),
- ou en formation en alternance, via un contrat de travail.
Dans les deux cas, le diplôme final est le même. Ce qui change, c’est le statut de l’apprenant, son mode de financement et l’organisation de la formation.
La formation en alternance : articulation entre centre de formation et entreprise
La formation en alternance repose sur un principe simple : vous partagez votre temps entre un centre de formation (lycée, CFA, école, organisme de formation) et une entreprise. L’objectif est de combiner apprentissages théoriques et mise en pratique professionnelle immédiate.
Deux grands types de contrats encadrent cette alternance :
- le contrat d’apprentissage,
- le contrat de professionnalisation.
Derrière ces contrats, se cachent des droits, des obligations et des acteurs qui interviennent à différentes étapes du parcours. Pour faire des choix éclairés, il est essentiel de comprendre le vocabulaire associé à chaque dispositif.
Les termes administratifs et contractuels les plus utilisés en BTS alternance
Contrat d’apprentissage : un contrat de travail spécifique aux jeunes
Le contrat d’apprentissage est un contrat de travail en CDD (parfois en CDI) qui s’adresse prioritairement :
- aux jeunes de 16 à 29 ans révolus,
- avec des dérogations possibles (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, projet de création ou reprise d’entreprise, sportifs de haut niveau…).
Caractéristiques principales :
- Vous êtes salarié de l’entreprise, avec un salaire calculé en pourcentage du SMIC (ou du salaire minimum conventionnel).
- Les frais de formation sont pris en charge par les financeurs (OPCO notamment), pas par vous.
- Vous avez un statut d’apprenti, avec des droits proches de ceux des autres salariés (congés payés, protection sociale, etc.).
- Vous êtes suivi par un maître d’apprentissage dans l’entreprise.
La durée du contrat correspond généralement à la durée de la formation (1 ou 2 ans), avec des aménagements possibles selon votre parcours antérieur.
Contrat de professionnalisation : un contrat plus tourné vers l’insertion et la reconversion
Le contrat de professionnalisation est également un contrat de travail en alternance, mais il vise des publics parfois plus larges :
- jeunes de 16 à 25 ans révolus pour compléter une formation initiale,
- demandeurs d’emploi de 26 ans et plus,
- bénéficiaires de certains minima sociaux ou dispositifs d’insertion.
Caractéristiques principales :
- Vous êtes salarié, avec un salaire calculé en fonction de l’âge et du niveau de qualification initial.
- La formation doit représenter un certain pourcentage du temps de travail total (généralement entre 15 % et 25 %).
- Le contrat peut être un CDD ou un CDI débutant par une période de professionnalisation.
Pour un même BTS, certaines structures privilégient le contrat d’apprentissage, d’autres le contrat de professionnalisation, selon le public accueilli et les financements disponibles.
CDD, CDI, période d’essai : ce que cela change pour un alternant
En BTS en alternance, le contrat est le plus souvent un CDD couvrant la durée du cycle de formation. Plusieurs termes reviennent souvent :
- CDD (Contrat à Durée Déterminée) : le contrat se termine à une date prévue, en général à la fin de la formation.
- CDI (Contrat à Durée Indéterminée) : plus rare en alternance de niveau BTS, mais possible, notamment avec un contrat d’apprentissage qui se poursuit après le diplôme.
- Période d’essai : durée pendant laquelle l’employeur (et vous) peuvent rompre le contrat plus facilement. En apprentissage, cette période est strictement encadrée.
Comprendre ces termes est crucial pour évaluer la stabilité de votre situation, vos droits à l’indemnisation chômage, et vos perspectives de maintien dans l’entreprise après le BTS.
Les acteurs clés et sigles à connaître pour un BTS en alternance
Le CFA, le lycée, l’école : qui assure la partie « centre de formation » ?
En alternance, le lieu où vous suivez les cours s’appelle souvent :
- CFA (Centre de Formation d’Apprentis),
- ou un établissement formateur habilité (lycée public ou privé, école professionnelle, organisme de formation).
Le CFA ou l’établissement est responsable :
- de l’organisation pédagogique (emplois du temps, modules, examens blancs),
- de la conformité de la formation au référentiel du BTS,
- des relations avec l’entreprise (suivi des missions confiées, visites, bilans).
Lorsque vous voyez la mention « UFA » (Unité de Formation par Apprentissage), il s’agit souvent d’une section spécifique au sein d’un lycée ou d’une école qui accueille des apprentis.
Maître d’apprentissage et tuteur : rôles dans l’entreprise
Deux termes proches mais à ne pas confondre :
- Maître d’apprentissage : obligatoire pour les contrats d’apprentissage, il s’agit d’un salarié expérimenté (ou du chef d’entreprise) chargé de vous accompagner, de vous former et de suivre votre progression. Il doit justifier d’un certain niveau de qualification ou d’une durée d’expérience.
- Tuteur : terme fréquemment utilisé pour les contrats de professionnalisation. Le tuteur aide à l’intégration dans l’entreprise, à la mise en pratique des enseignements, et fait le lien avec l’organisme de formation.
Identifier clairement votre maître d’apprentissage ou tuteur dès le début est essentiel : c’est votre référent principal pour le quotidien en entreprise et pour la validation des compétences professionnelles.
OPCO, RNCP, France Travail : les sigles institutionnels qui reviennent souvent
Plusieurs structures interviennent dans le financement et la régulation des BTS en alternance :
- OPCO (Opérateur de Compétences) : organisme qui collecte et gère les financements pour la formation professionnelle des salariés. C’est l’OPCO de l’entreprise qui prend en charge, en grande partie, le coût pédagogique de votre BTS en alternance.
- RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles) : registre officiel où sont inscrits les diplômes reconnus par l’État. Un BTS inscrit au RNCP garantit la reconnaissance nationale du diplôme et sa valeur sur le marché de l’emploi.
- France Travail (ex Pôle Emploi) : intervient surtout pour les publics demandeurs d’emploi, en particulier dans le cadre de contrats de professionnalisation ou de certaines aides complémentaires.
Connaître ces sigles permet de mieux comprendre qui finance quoi, et à qui s’adresser en cas de question sur vos droits à la formation et à l’emploi.
Les notions pédagogiques et organisationnelles spécifiques au BTS en alternance
Référentiel de diplôme, blocs de compétences et unités d’enseignement
Chaque BTS est défini par un référentiel national. Ce document liste :
- les compétences à acquérir,
- les savoirs théoriques associés,
- les modalités d’évaluation (examens, contrôle en cours de formation).
Quelques termes à retenir :
- Blocs de compétences : ensemble cohérent de compétences professionnelles. La certification par blocs permet parfois de valider seulement une partie du diplôme ou de capitaliser des acquis d’une formation à l’autre.
- Unités d’enseignement (UE) ou « unités d’examen » : ce sont les différentes épreuves qui composent le BTS (matières générales, matières professionnelles, épreuve de projet, langue vivante, etc.).
- ECTS (crédits européens) : même si tous les BTS ne les affichent pas de façon explicite, le niveau bac+2 correspond à un volume de crédits pouvant faciliter la poursuite d’études (licence, bachelor, écoles spécialisées).
Comprendre cette architecture aide à anticiper la charge de travail, la répartition des matières et les compétences évaluées en entreprise et en centre de formation.
Temps en entreprise, temps en formation : le fameux rythme d’alternance
Le rythme d’alternance désigne la façon dont sont répartis vos temps de présence :
- en centre de formation,
- et en entreprise.
On trouve par exemple :
- 2 jours en centre / 3 jours en entreprise,
- 1 semaine en centre / 1 semaine en entreprise,
- ou des rythmes plus longs (par mois ou par période de plusieurs semaines).
À retenir :
- Le rythme d’alternance influence fortement votre organisation personnelle (logement, transports, vie étudiante).
- Le temps passé en centre de formation est considéré comme du temps de travail rémunéré.
- L’entreprise doit être informée de ce calendrier et s’y conformer.
Compétences, missions, livrables : comment l’entreprise et le BTS se répondent
En BTS en alternance, vos missions en entreprise doivent être cohérentes avec le référentiel du diplôme. Trois notions reviennent souvent :
- Compétences : ce que vous devez être capable de faire (ex : gérer une relation client, réaliser un devis, organiser une opération de communication, paramétrer un réseau informatique).
- Missions : tâches ou projets confiés par l’entreprise, qui permettent de mettre en œuvre ces compétences (ex : suivre un portefeuille clients, participer à une campagne marketing, réaliser un diagnostic technique).
- Livrables : productions concrètes attendues (rapports, tableaux de bord, dossiers, supports de communication, paramétrages techniques, etc.). Ces livrables peuvent servir de base à certaines épreuves d’examen.
Il est donc important de négocier, dès l’entretien de recrutement, des missions qui correspondent réellement au contenu du BTS visé et pas seulement à des tâches d’exécution sans lien avec la formation.
Termes liés à la rémunération, aux droits sociaux et au financement
Rémunération de l’alternant : pourcentage du SMIC et grille légale
En BTS en alternance, la rémunération dépend :
- de votre âge,
- de l’année de formation (1re ou 2e année),
- et parfois de votre niveau de qualification initial (surtout en contrat de professionnalisation).
On parle souvent de « pourcentage du SMIC » :
- par exemple 43 %, 51 %, 61 % ou plus, selon les cas,
- avec parfois des minima conventionnels supérieurs prévus par certaines branches professionnelles.
À ne pas confondre :
- SMIC brut : avant charges sociales,
- SMIC net : ce que vous percevez réellement sur votre compte bancaire.
Des simulateurs en ligne et les services RH de l’entreprise peuvent vous aider à vérifier la rémunération qui doit vous être versée en fonction de votre situation.
Frais de formation, prise en charge et reste à charge
Un point rassurant pour beaucoup d’alternants : les frais de formation du BTS sont, dans la très grande majorité des cas, pris en charge par les financeurs, notamment les OPCO de l’entreprise. On retrouve plusieurs notions :
- Coût contrat : montant facturé par le centre de formation pour la formation en alternance.
- Prise en charge OPCO : somme que l’OPCO accepte de financer pour chaque alternant et chaque année de formation.
- Reste à charge entreprise : différence éventuelle entre le coût contrat et la prise en charge OPCO. De plus en plus, les entreprises acceptent ce reste à charge pour sécuriser leurs besoins en compétences.
Pour l’apprenant, cela signifie généralement :
- pas de frais d’inscription importants à avancer,
- pas de frais de scolarité comme dans certaines écoles privées en formation initiale classique,
- un salaire perçu chaque mois, même pendant les périodes au centre de formation.
Aides, statut social et protection de l’alternant
En BTS en alternance, vous bénéficiez du statut de salarié, avec des droits sociaux :
- protection sociale (maladie, maternité, accident du travail),
- congés payés,
- accès à certaines aides au logement (CAF, dispositifs spécifiques jeunes),
- éligibilité à certaines aides de l’État ou des régions (prime d’activité, aides au transport, etc.).
Quelques termes à repérer :
- Mutuelle d’entreprise : couverture santé complémentaire qui peut être proposée (et parfois rendue obligatoire) aux alternants.
- Titre de transport ou indemnité de transport : participation de l’employeur aux frais de déplacement domicile-travail.
- Tickets restaurant ou restauration d’entreprise : selon la politique sociale de l’entreprise, les alternants peuvent en bénéficier.
Il est recommandé de clarifier ces points lors de la signature du contrat, afin d’anticiper votre budget mensuel et vos besoins matériels (logement, transports, équipements).
Choisir un BTS en alternance en connaissance de cause
Analyser les fiches formation et les offres d’alternance sans se perdre
Les annonces de BTS en alternance, qu’elles viennent des établissements de formation ou des entreprises, utilisent souvent tous ces termes sans les expliquer. Pour les décrypter, vous pouvez :
- vérifier si le BTS est bien reconnu par l’État et inscrit au RNCP,
- identifier le type de contrat proposé (apprentissage ou professionnalisation),
- regarder le rythme d’alternance et la localisation du centre de formation,
- analyser les missions proposées par l’entreprise pour voir si elles correspondent au contenu du BTS.
Les sites spécialisés dans l’orientation et la formation, comme Orientation Formation, jouent ici un rôle d’intermédiaire en expliquant les termes et en détaillant les débouchés. Pour approfondir ces notions, vous pouvez consulter par exemple notre dossier complet sur la définition d’un BTS en alternance et ses spécificités, qui revient point par point sur le cadre, les contrats et les types d’établissements concernés.
Évaluer la compatibilité entre votre projet, votre profil et l’alternance
L’alternance en BTS n’est pas seulement une question de vocabulaire à maîtriser : c’est aussi un choix de rythme de vie et de stratégie professionnelle. Avant de vous engager, il est utile de vous poser quelques questions :
- Êtes-vous prêt à assumer une double exigence : scolaire (examens du BTS) et professionnelle (objectifs de l’entreprise) ?
- Votre projet professionnel est-il déjà suffisamment défini pour vous engager dans un métier précis pendant deux ans ?
- Êtes-vous mobile géographiquement pour trouver une entreprise d’accueil compatible avec votre spécialité de BTS ?
- Avez-vous besoin d’un salaire pour financer votre vie quotidienne ou pouvez-vous envisager la voie scolaire classique ?
Comprendre les termes et les dispositifs du BTS en alternance vous permet de répondre plus sereinement à ces questions, et de choisir la voie (initiale ou alternance) qui correspond le mieux à votre situation et à vos objectifs.